Di misknown rastafari culcha

 
 

PARTIE 2

LA MUSIQUE

1950-1960, Du Mento au Ska

Le mento est tout simplement la musique que les paysans jamaïcains aimaient jouer et écouter pour se divertir et oublier la dureté de leur condition de vie. Ce terme décrit également la danse libre qui l'accompagne.

Le mento utilise traditionnellement des instruments comme le banjo, la guitare, la flûte, le fifre, les maracas, des percussions, mais également un lamellophone basse appelé la rumba box (dérivée de la marimbula) ou thumb piano, le violon, et le saxophone de bambou.

Il existe en version urbaine, interprété dans les cabarets et hôtels de Jamaïque, où il connaît une forte influence du jazz (saxophone, trompette, piano, etc).

Le rythme du Mento est un rythme doux 4/4, contrairement au calypso plus rythmé avec son temps 2/2. Le calypso est surtout joué pour les touristes. Les musiciens locaux jouent aussi du slack, chansons paillardes qui font rire le public pour oublier la dure vie.

Les deux plus grands succès de l'américain d'origine jamaïcaine Harry Belafonte, “Day O” sont par exemple des morceaux de Mento, et non des calypsos, bien qu’ils aient été publiés dans l'album portant le nom Calypso afin d’être plus facilement commercialisé.

Écouter le morceau de Mento : “Day O” interprété par Harry Belafonte

 
 
 

Temps de lecture : 16m 44s


Ces informations ont été paraphrasées et/ou glanées auprès de nombreux articles cités en fin de chaque paragraphe, et parus sur le sujet au cours des dernières années.

Ils ont été remaniés, enrichis et parfois traduits par lafondamentale.


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Créoles portant des régimes de bananes, Jamaïque, 1930, Getty Images

Jamaïque - N/C


> Extraits de l’article de Wikipédia sur le mento

 
 

1952 Champions de boxe Jamaïque - 1952 INTER SCHOOL BOXING CHAMPIONS: Back: Mr. T.K. Wint(Coach), Mr. L.A. Robinson (Sports Master) Standing:L.E. Villalon, D.I. Gabay, C.L. Willacy, H.R. Bramwell, D.O. Minott, C.S.Beckford Sitting: W.R.St.E.McKenzie, R.T. Moody, J.A. Maxwell (Capt), V.E. Prendergast, L.S.L. Jones Front: A. Anderson, B. Clare, O.C.Hutchinson

Fille de la campagne, par Craig Phang Sang Photography

La Quadrille est l’une des premières danse jamaïcaine de figures. Elle est directement inspirée de la Quadrille, danse européenne de bal et de salon ; dans une version burlesque et à la façon d’une moquerie.

 

Les Ska sessions

En 1950, les disques 45 tours en vinyle et les sonos apparaissent, faisant naître des sound systems dans lesquels on peut danser à bas prix un peu partout sur l'île.

La concurrence devient sauvage : les selecters sont obligés d'enlever les étiquettes de leurs disques pour être les seuls à les posséder.

En 1951, Stanley Motta réalise les premiers enregistrements pour concurrencer le calypso, mais l'île attend un nouveau son, plus branché et plus dansant que le Rythm & Blues américain.

Ce nouveau style mêlé au boogie-woogie, au gospel, très présent dans l'île, au mento local, au jazz, au scat, au calypso, au merengue, aux musiques africaine et cubaine ainsi qu'à la culture de la rue formera un cocktail détonant qui, en explosant, donne naissance au son que tous les Jamaïcains attendaient : le ska.

Le succès est au rendez-vous : les sessions de Ska se multiplient sur l'île, et les gens se pressent pour venir danser sur ce rythme endiablé.

 

N/C

 

Le chanteur et producteur Prince Buster and friends dancing the ska on Orange Street in Kingston, Jamaica, 1964.

Courtesy Steady Rock Productions

 
 

1960, Du Ska au Rocksteady

Le Ska

 

Le Rocksteady

 

Plus lent et plus lancinant que le Ska, Le Rocksteady marque une étape dans l'évolution de la musique jamaïcaine qui s'affranchit de plus en plus des tempos rapides du Ska et qui, avec une fusion de rythmes calypsos caribéens, évolue rapidement vers le Reggae.

Issu du ska et classifié actuellement comme un sous-genre du reggae, malgré son antériorité. Le Rocksteady est le résultat de la transformation du ska, rythme à quatre temps, en un tempo binaire, plus lent, avec généralement moins de cuivres mais davantage de place accordée aux claviers, aux voix sucrées et à l'introspection amoureuse sous influence de la soul américaine.

La contrebasse est souvent remplacée par la basse électrique. Cette fois, le temps fort étant marqué sur le troisième temps.

En 1966, la soul devient la première influence musicale jamaïcaine. Quatre ans après l’indépendance, la ferveur est retombée et la réalité quotidienne a pris le dessus. Le tempo se ralentit et les morceaux optimistes concernant l’avenir de la nation comme Forward March Jamaica de Derrick Morgan, n’ont plus lieu d’être. Ils sont remplacés par des chansons plus introspectives.

Le producteur Prince Buster, qui mélangeait le rocksteady et la soul avec le mento et le calypso, enregistre en 1966 le morceau de rocksteady “Ghost Dance et Judge Dread” en duo avec Lee "Scratch" Perry.

En tant que style de musique populaire, le rocksteady a pourtant connu une existence courte ; son heure de gloire aura ainsi duré environ deux années, de 1966 au printemps 1968.


Extraits de “City songs (4) : Kingston 1965-1969, l'âge d'or du rocksteady” sur France Culture.fr

 
 

Du Rocksteady au sensual grooves du Reggae

La plupart des morceaux rocksteady illustrent un caractère romantique évident, célébrant en trois minutes les amours perdues ou retrouvées, selon le format de pop épique instauré par Motown ou Stax. Privilégiant les harmonies gorgées de soleil aux syncopes de cuivres héritées du ska, le rocksteady n’a pratiquement marché que sur l’île alors que le ska, pourtant déclinant, s’exporte à la même période avec succès en Angleterre et en Amérique.

Véritable musique pop/soul jamaïcaine, le rocksteady laisse peu à peu, à partir de 1968, la place au reggae balbutiant, alors que les difficultés économiques de l’île s’aggravent et que le désenchantement devient réel.

Aux influences du Ska et du Rocksteady, s'ajoutent celles alors celles de la musique africaine et des chants Nyabinghi qui utilisent des tambours dérivés des cérémonies afro-jamaïcaines du Buru, l'un des plus anciens cultes de la culture rasta.

Le reggae n’est pas une simple musique mais le fer de lance d’une ferveur noire et toute religieuse.

Le mouvement Rasta devient alors l’âme du reggae.

En 1969, tandis que les dancehalls vibrent au son du rocksteady, Desmond Dekker chante son « Israelites » sur un rythme innovant, plus rapide que le rocksteady, le reggae. Plusieurs autres artistes revendiquent le titre de premier reggae comme notamment Stranger Cole et Lester Sterling, Larry et Alvin, the Beltones, the Maytals, et « Lee Scratch Perry ».

Pour l'anecdote, le reggae s'appelait à ses débuts le streggae, ce qui désignait une fille facile, qui s'offre à tous les hommes. Ce titre, paru trop péjoratif au goût des radios de l'époque, le streggae est devenu le reggae.


 
 

The Evolution of Jamaican Music  & Dance (Ska, Rocksteady & Reggae)

> Explications de l’évolution du Ska vers le Rocksteady, puis vers le Reggae.

 
 
 
 

Le Reggae

Reprenant la soul afro-américaine et le Rythm & Blues, le style reggae est marqué par une ligne de basse forte, des claviers et moins de cuivres et d'instruments à vent.

Les chansons s’emparent des thèmes de l'amour et de la religion, et les paroles abordent progressivement les croyances rastafari, dans la critique sociale et du matérialiste afin d'élever la conscience politique des jamaïcains.

Les chanteurs de reggae adressent leurs chansons aux jeunes et aux rudeboys des ghettos en tâchant de leur donner de l'espoir pour l'avenir.

 

Le chanteur et producteur Lee “Scratch” Perry devant son studio le Black Ark Studio.

Le deejay jamaïcain Jah Stitch, Orange Street, Kingston Jamaica 1977 - Dave Hendley

North Parade, Kingston, Jamaïque 1977

Kingston Jamaïque par Dave Hendley

Big Joe – Joe Gibbs Studio, Kingston, Jamaïque 1977. © Succession de Dave Hendley.

 
 

L’usage des sample

En musique, un échantillon, ou sample, est un extrait sonore récupéré dans un enregistrement préexistant et sorti de son contexte afin d'être réutilisé musicalement pour fabriquer un nouvel ensemble.

L'extrait en question, une brève séquence, peut provenir de n'importe quel enregistrement sonore (motif musical, voixbruitage) et, par le biais du collage, devient une boucle utilisable dans la composition d'un morceau.

Pour faire simple le sampling consiste en l’utilisation d’un extrait musical d’une oeuvre originale pour en créer une seconde. Voilà pourquoi il nous arrive régulièrement d’écouter un morceau de reggae, de dub (et plus tard de hip-hop ou d’electro) pour la première fois en ayant le sentiment de l’avoir déjà entendu.

Il est très utilisé dans la culture musicale reggae.

Les premiers à s’emparer de cette révolution étaient les jamaïcains qui, par manque de budget, utilisaient des morceaux de musiques déjà existants afin d’y apposer leur propre voix en y rajoutant de la reverb et du delay. Comme son nom l’indique, la reverb fait référence à la réverbération tandis que le delay à l’écho.

Grâce à ce procédé le monde voit ainsi la naissance d’un nouveau style musical que l’on appelle le Dub.

Certains des dubs présentaient des caractéristiques expérimentales qui allaient annoncer l'échantillonnage moderne (comme le principe de rembobiner la bande en plein enregistrement du remix).

Au début des années 1970 certains DJ jamaïcains commencèrent à enregistrer leurs propres disques mais ces DJ n'avaient rien à voir encore avec les DJ de hip-hop tels qu'on les conçoit maintenant : les DJ jamaïcains jouent le rôle que jouent les MC dans le hip-hop malgré leur dénomination de « DJ ». C'était en réalité les ingénieurs du son - qui produisaient les dubs - qui ont inventé le sampling en mettant bout à bout des rythmiques pour créer de nouveaux morceaux.

La première trace de cet échantillonnage rythmique en Jamaïque date de 1972 avec le morceau Cow Thief Skank du musicien jamaïcain Lee Scratch Perry qui est une succession, un « cut » de plusieurs rythmiques de morceaux tels que l'auraient fait des DJ américains, le tout étant réalisé avec des bandes magnétiques et non avec des platines.

Sur cette partie instrumentale recomposée s'est ajouté un « proto-rap » d'un DJ jamaïcain.

Ce même Lee Perry en 1974 enregistre un album, Revolution Dub où il superpose à ses dubs des dialogues de film de Kung Fu. 

 
 

Dillinger (musicien reggae), assis sur une moto, secouant ses dreadlocks, ca. 1982

Photographie de Simon Peter

Le groupe de reggae-dub Aswad (britanniques d’origine caribéenne) sur les All Saints Road, à l’Ouest de Londres, 1981.

 
 

Lee Scratch Perry

Lee Scratch est un précurseur du rocksteady, du reggae et dub avec, dans les années 1970, l'adoption du remixing et des effets de studio pour créer de nouvelles versions de titres reggae existants.

Il a travaillé et produit un grand nombre d'artistes, dont Bob Marley et the Wailers, Junior Murvin, The Congos, Max Romeo, Adrian Sherwood, les Beastie Boys, Ari Up, The Clash, The Orb, et beaucoup d'autres.

Après avoir accueilli des musiciens blancs (notamment The Clash) dans son studio (Black Ark) et s'être fait tabasser en conséquence par des Jamaïcains conservateurs, Lee Scratch y allume un incendie destructeur en 1981 et s'exile en Angleterre où il fait la connaissance d'un producteur anglais, Adrian Sherwood. À la fin des années 1980, il part vivre en Suisse avant de revenir en Jamaïque à la fin de sa vie.

Lee Perry se distingue dans le reggae international avec un son new roots plutôt numérique, et se fait connaître comme chanteur, par la scène. Il prend ses distances avec les studios et la culture jamaïcaine, d'où ses facéties en concert et son côté « décalé » à rebours de la reconnaissance des années 1970 pour son travail de studio et son influence sur la musique jamaïcaine.

Vers la fin de l'année 1973, il fonde son propre studio d’enregistrement à la suite d’un rêve prémonitoire lors de sa sieste. Il peint les mots « Black Ark » au-dessus de sa porte et décide qu'il y établira les 10 commandements du reggae, en référence religieuse à l'Arche d'alliance où Moïse plaça les Tables de la Loi.

 

La musique qu'il enregistre les cinq années suivantes marque un tournant dans l'histoire du reggae.

Aux commandes de son propre studio, Perry porte ses compétences à un autre niveau, faisant de sa table de mixage un véritable instrument. Les expérimentations des années passées ont ouvert la voie à des nouveaux sons, plus complexes. Le spécialiste du reggae Steve Barrow dira plus tard que « le son du Black Ark était comme la signature d'un peintre sur sa toile », soulignant l'originalité de ces sons.

Lee Perry représente une figure de la musique expérimentale jamaïcaine et ses dérivés — comme Joe Meek pour le rock. Il innova, à travers une musique instrumentale et des dubs, tout en gardant les rythmes conventionnels du genre.

Lee Perry a souvent été avant-gardiste et a découvert des univers musicaux, par le sample, qui ont eu du succès et une influence considérable.

Lee Perry joua ainsi un rôle d'initiateur et de figure tutélaire pour le reggae et le dub, et de nouveaux styles qui en dérivent en partie comme le dubstep.

Il s’éteindra 29 août 2021 (à 85 ans) à Lucea en Jamaïque et restera à jamais une source inépuisable d’admiration et d’inspiration.

 

Lee Scratch Perry

Voir à la fin du sujet dans les Ressources, le film “The Upsetter: The Life and Music of Lee Scratch Perry”, un film documentaire sur l'icône de la musique jamaïcaine Lee "Scratch" Perry.


Lee Scratch Perry

Lee Scratch Perry dans son studio, Jamaïque.

 
 

Caractéristiques musicales


  • De 1968 à 1970, le Early Reggae : le reggae est qualifié de early reggae, prédominé par la basse et joué sur un tempo plus rapide, dû aux influences du mento local encore très rythmé. Pour une croche jouée en rocksteady, un musicien reggae en joue deux. Le tempo est donc plus rapide avec une prédominance de la basse

  • De 1970 à 1976, le Reggae One-Drop : le rythme évolue encore devenant plus lent, au tempo medium, avec des battements fort de la caisse claire sur le troisième temps.

  • De 1977 à 1980, le Rocker se déclinant parfois en Stepper : avec quatre battements frappés à la batterie et une caisse claire très tonique, presque "folle".

  • À partir de 1980, le Early Dancehall ou Rud-A-Dub : tempo lent, avec une prédominance de la basse et de la batterie (équilibre entre un kick sur le premier temps, et une caisse claire sur le troisième).

  • Entre 1972 et 1984, le Dub : Inventé et perfectionné en Jamaïque comme un remixage réalisé en temps réel à partir de bandes magnétiques par des ingénieurs du son de manière à amplifier l'espace sonore du couple basse/batterie, en atténuant les voix sous des effets de réverbération, le dub authentique connaît son âge d'or à la fin des années 70-début 80.

    Il utilise des rythmiques dans tous les styles du reggae : d'abord one drop, puis rockers, steppers rapides et enlevés, et ensuite dancehall lents et lourds.

    King Tubby et Lee Scratch Perry invente et popularise la plupart des effets (coupes de pistes, réverbération, écho, phaser...) qui définissent le style.

  • À partir de 1985, le Early Digital Dub (remix) : rythmique rapide entièrement composée sur une boite à rythme.


 
 

Le toaster jamaïcain Dillinger in front of Channel One studio in Kingston, Jamaïque.

Le studio de musique Channel One.

Le groupe THE MIGHTY DIAMOND devant le studio Channel One ©Syphilia Morgenstierne.

La Jamaïque par le photographe Dave Hendley.

Le dj jamaïcain I Roy

Le chanteur et musicien Burning Spear - Chela bay Hotel Jamaica 1975.

Le chanteur Max Romeo.

 
 

Les Sound System

Il est difficile de parler de reggae sans devoir l'associer au phénomène des sound system.

Les premiers sound system sont apparus dans les années 1940 ; une sono embarquée dans un camion partait en tournée sur toute la Jamaïque.

Un sound system se compose de :

Un Selecter/sélecteur : programmeur qui choisit la musique à passer

Un Toaster : terme qui disparaîtra plus tard dans la musique électro ou hip-hop pour devenir MC (Master of Ceremony) qui commente et anime au micro la session du sélecteur

Les premiers sound systems sont très rudimentaires ; une platine vinyle, un amplificateur et deux enceintes.

Tom Wong, alias Tom the Great Sebastian, un jamaïcain d'origine chinoise sera le premier à faire bouger les rues de Kingston au début des années 1950 après que Hedley Jones, un jazzman, ancien ingénieur et inventeur de génie (qui a fabriqué de ses propres mains la première guitare électrique « solid body » de Jamaïque), ait conçu pour lui le premier amplificateur pour les premiers sound systems, alors qu’il revenait de la Seconde Guerre mondiale.

Hélas, l’atelier de Hedley Jones fut détruit par l’ouragan Charlie en 1951. En chômage technique, son assistant Fred Sanford parti monter son propre business en construisant des sound systems à la manière de Jones un peu partout sur l’île.

Un autre sound system très connu est celui de Clement Seymor Dodd, alias Sir Coxsone Downbeat, qu'il monte en plein ghetto de Kingston. Il engagera Count Matchuki (précurseur du rap et du beatboxing) comme deejay.

À cette époque, le milieu des sound system était très rude, et la concurrence féroce envoie souvent des hommes de mains saccager le matériel des parties adverses : on arrache les étiquettes des disques, et on détruit le matériel. (c'est pour cela par exemple que Coxsone engagera Prince Buster, encore boxeur amateur avant de devenir producteur, qui sauvera la vie de Lee Scratch Perry à la suite de heurts).

Vers la fin des années 1950, le courant recule aux États-Unis et les selecter ont beaucoup de mal a s'approvisionner en disques. Ils se tournent alors vers l'industrie du disque locale. C'est à ce moment-là que Coxsone créé son propre label devenu iconique : le Studio One dont Hedley Jones sera appelé à participer à la construction du système son.

 
 
 

Kenneth Davy et son Mutt & Jeff Sound System

N/C

Carnaval de Notting Hill, 1975 © Chris Steele Perkins/Magnum photos

N/C

Le producteur et ingénieur du son King Tubby, 1977 - Dave Hendley

Bashment sound system - Jamaica 1980, (c) Brian Jahn / urbanimage.tv

 

Sound system, Londes 1970′s

N/C

 
 

Le Reggae, un mode de communication


Ce n'est qu'à partir des années 1940 que le mouvement rastafari s'impose comme une culture et un mode de vie alternatif en Jamaïque. Mais il faudra attendre les années 1970, période d'explosion de la musique reggae, pour que la pensée rastafari s'impose à l'échelle planétaire, notamment grâce à des artistes comme Bob Marley qui véhiculent le message rasta dans leurs chansons.

En ce sens, la fonction de la musique incarne simultanément une forme pertinente de prédiction et de communication. Les paroles dans la musique reggae ont une vraie dimension philosophique et poétique si l’on y prête attention.

Le rastafarisme a influencé le reggae, ayant lui-même hérité de la façon dont les peuples opprimés utilisent la musique pour échapper à leur sort.

En effet le reggae s'oppose aux réalités socio-économiques comme le chômage, le racisme, le manque d'identité nationale, d’éducation et la pauvreté.

Le reggae est donc principalement un mouvement socio-politique visant à transmettre des idées, à affirmer des valeurs et à exprimer des attentes. Il dénonce la discrimination et la subordination.

Adeptes de la philosophie rasta, la plupart des artistes de reggae s'inscrivent dans la lutte contre les préjugés sous toutes leurs formes. En dénonçant l'asservissement injuste, l'intolérance raciale et les conditions de vie misérables, ces musiciens semblent être des témoins vivants de la mémoire populaire, des récits historiques, des révoltes contemporaines et des espoirs de changement.

Ils sont les producteurs et les produits de leur propre culture. Ils montrent leur grande capacité à renouveler, à transmettre et à revitaliser leur style. En ce sens, le reggae atteste les moyens par lesquels il promulgue une identité et inculque une vue distincte entre les groupes : opprimés et opprimants.

Le reggae est un genre musical qui a vocation à apaiser les âmes et les blessures des minorités opprimées.

Il a vocation à porter l'espoir, à crier aux Noirs la fierté de leur culture, et à diffuser l'héritage et les croyances de la philosophie rastafari dans un monde idéal offrant une juste place à une Afrique unie, éclairée, habile et émancipée.


Le Reggae, Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité

En novembre 2018, l'unesco a inscrit la musique reggae jamaïcaine sur sa liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité faisant ainsi la fierté de toute la Caraïbe.


Extrait de “Le Reggae, une Force de Dialogue” par Linda Aïnouche pour l’Oragnisation des Nations Unies.

 
 
 

Le chanteur Gregory Isaacs, 1977 - Dave Hendley

Bob Marley lors de sa tournée Exodus Tour 1977 – Photo: Kate Simon

Les chanteurs Dennis Brown et Freddie McGregor.

L’auteur-compositeur-interprète jamaïcain Neville O'Riley Livingston, dit Bunny Wailer.

Il est l’un des membres fondateurs avec Junior Braithwaite, Neville Livingston et Bob Marley du groupe The Wailers.

Le chanteur Bob Marley - N/C

Le chanteur, compositeur et musicien Peter Tosh, un des membres fondateurs avec Junior Braithwaite, Neville Livingston et Bob Marley du groupe The Wailers.

Peter Tosh est une des figures emblématiques du reggae et de la spiritualité rasta.

Le dj jamaïcain Winston ‘Dr. Alimantado’ Thompson, Orange Street, Kingston, Jamaica 1977 - Dave Hendley

 
 

Le mode de vie Rasta

Le mode de vie rasta se réfère au voeu fait par les juifs qui se consacrent à Dieu (le "voeu de naziréat"), tel qu’il est décrit dans la Bible (Ancien Testament) ;

  • Le végétarisme

Les rastas mangent ital – un régime particulier qui mise sur les produits frais biologiques, si possible cultivés par soi-même. Rien d’industriel n’est toléré dans l’assiette, les boîtes de conserve et les aliments perçus comme ‘dénaturés’ par des conservateurs ou autres additifs sont écartés du régime ital.

> "Vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c’est-à-dire le sang" (Ancien Testament, Genèse 9:4) et « Or, je vous accorde tout herbage portant graine, sur toute la surface de la terre, et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbres par le développement du germe. Ils serviront à votre nourriture. » (Genèse 1 :29).

D’une manière générale, les adeptes du mouvement rastafari essayent d’être le plus proche possible de la nature et de porter du respect à toute forme de vie, qu’elle soit animale ou végétale. Ainsi, la très grande majorité suit un régime végétarien qui exclut la viande, bien que certains mangent du poisson.

Le régime ital écarte également la consommation de sucres en dehors des fruits (sucre, sodas, etc) et du sel, lui préférant l’utilisation abondante d’herbes et d’épices.

  • La sobriété

Les rastas ne boivent pas d’alcool.

> "Si un homme ou une femme entend s’acquitter d’un voeu, le voeu de naziréat (...) il s’abstiendra de vin et de boissons fermentées" (Ancien Testament, Nombres 6-2 et 6-3).

  • Le culte du naturel

Les rastas ne se coupent ni la barbe ni les cheveux. Leurs cheveux sont emmêlés naturellement, tressés en nattes, ou en "dreadlocks", "dreads" ou "locks".

> "le rasoir ne passera pas sur sa tête (...) il laissera croître librement sa chevelure" (Ancien Testament, Nombres 6-5).

  • La Marijuana

Pour les rastas, la consommation de la marijuana (la "ganja") permet de s’élever vers Dieu. La marijuana est la drogue obtenue en faisant sécher la plante cannabis. Elle n’est utilisée que dans la pratique religieuse, et elle est fumée dans une pipe (le "chalice") ou sous la forme de cigarettes artisanales.



La place de la femme dans la culture rasta

« il est parfois avancé que la femme rasta ne peut accéder au divin que par l’entremise de son homme. »

Tenues à l’écart des rituels, les femmes doivent par ailleurs se soumettre aux prescriptions vestimentaires mentionnées dans l’Epître aux Corinthiens (XI-5 à 7) :

« Toute femme qui prie ou prophétise le chef découvert fait affront à sa tête (…) l’homme lui, ne doit pas se couvrir la tête parce qu’il est à l’image et à la gloire de Dieu ; quant à la femme, elle est à la gloire de l’homme. »

Ainsi les reines de l’ordre de Nyabinghi doivent se couvrir les cheveux durant les cérémonies et ne participent pas aux reasonings (conseil de sages).

Les préceptes de l’ordre confirment cette conception androcentrique : « La reine Nyabinghi doit reconnaître son roi (son homme) comme sa tête (comme son maître). »

Vers la fin des années 70, infériorisées ou subordonnées aux tâches domestiques, les femmes rastas commencent à revendiquer un statut égalitaire :

« You never use to have a Rastawoman ; you use to have a Rastaman Woman. » - Sister Ilaloo


Les figures féminines importantes dans le mouvement sont alors mises en avant : Comme la reine de Saba. Ou le culte Nyabinghi en Ouganda, qui révérait une reine insoumise (Nanny « the Ashanti Maroon Queen »). Ainsi que Amy « Jacques » Garvey : co-fondatrice de l’UNIA. Ou encore la proto-rasta Grace Jenkins Garrison de l’Hamitic Church ; et pour finir : l’impératrice Menen, etc.

Les femmes rasta se solidarisent et s’organisent en associations (Rastafarian Women’s Organisation ; Rasis International ; King Alpha and Queen Omega Daughters United ; Theocracy Daughters United…) et les anciennes rasta (les matriarches de l’Ordre de Nyabinghi comme : Sister Daphney, Ma Ashanti, Sister Merriam Lennox, Dawta Baby I, Sista Farika Birhan) sont consultées et investies.


> Extrait de l’article “Culture: Femme Rasta, femme au foyer ou pas?” publié le 8 juillet 2020

 
 

La chanteuse Judy Mowatt.

Elle rencontre le succès avec I Shall Sing, qui se classe numéro 1 des ventes en Jamaïque. Elle fonde son label, Ashandan.

Son premier album, Mellow Mood, sort en 1975. Elle écrit et produit la plus grande partie de l'album Black Woman.

La chanteuse Rita Marley.

The I-Threes sont un trio vocal composé de Marcia Griffiths, Judy Mowatt et Rita Marley (la femme de Bob Marley).

Elles sont principalement connues pour avoir travaillé avec Bob Marley et The Wailers à partir de leur 3e album, Natty Dread (1974) où par leur chorus, elles remplacent Peter Tosh et Bunny Wailer.

Elles ont également enregistré avec Serge Gainsbourg dans ses albums reggae Aux armes et cætera et Mauvaises nouvelles des étoiles.

Les chanteuses Claudette Brown et Sonia Abel du duo Love joys.

La chanteuse Lauryn Hill

La chanteuse Marcia Llyneth Griffiths. Marcia est une chanteuse de rocksteady et de reggae mondialement célèbre.

En 1988, sa chanson Electric Boogie (écrite par Bunny Wailer) est à ce jour la plus grande vente d'une artiste féminine de reggae.

Elle est surnommée la "Reine du Reggae".

La chanteuse Puma Jones, membre du groupe Black Uhuru.

La chanteuse Judy Mowatt.

 
 

Le rastafarisme aujourd’hui

Il existe différents ordres dans le rastafarisme dont les trois principaux sont les 12 tribus d'Israël, les Nyabingi et les Bobo Ashanti. Chaque ordre ayant sa particularité. 

Ce mouvement qui prônent une absence du pouvoir, n’ayant ni lieu de culte, ni dogme, ni leader, est souvent considéré comme une religion en raison de ses rites tirés de la Bible, tandis que les rastas eux-même le conçoivent d’abord comme un mode de vie et une manière de concevoir le monde depuis sa création.

Le mouvement du rastafarisme dispose d’une immense popularité sur le continent africain où les rastas sont perçus comme une voix de stature et de sagesse. Mais les rastas sont présents un peu partout dans le monde anglophone comme francophone : des rastas blancs ont même vu le jour (ce qui alimentera de nombreuses polémiques).

Principalement associé à la musique reggae, au port des dreadlocks et à la pratique récréative de fumer la marijuana, la plupart des gens aujourd’hui n’ont aucune idée de ce que représente la véritable culture jamaïcaine rasta.

Par manque de moyens et d’organisation, l’idéologie rasta demeurera majoritairement méconnue sans que de nombreux caribéens n’est jamais pu fouler le sol de l’Afrique.

 

La fin de la prophétie

  • Renversé et déchu en 1974 par la Révolution éthiopienne, l’empereur Haile Selassie est tué l'année suivante dans des circonstances obscures.

    Sa politique sera vivement critiquée pour l'oppression et la brutalité ayant caractérisé son règne en Ethiopie durant 45 années.

  • Après le renversement d'Haïlé Sélassié par Mengistu Haïlé Mariam en 1974, le mouvement rasta prend du plomb dans l’aile.

  • Le nouveau pouvoir (marxiste et autoritaire) confisque les terres de Shashamané aux rastas et la plupart choisissent de fuir. Sur les 500 hectares de terre offerts aux rastas en 1948, il ne reste aujourd'hui qu'un territoire habité de 7 hectares.

  • Ayant souvent tourné le dos à leur pays d'origine en ne renouvelant pas leur passeport et n’ayant jamais obtenu la nationalité éthiopienne, la plupart des rastas d’Éthiopie sont devenus apatrides.

  • La plupart des rastas à travers le monde vivent aujourd’hui, pour la plupart, dans la marginalité et la pauvreté.


En 2020, la Jamaïque compte près de 13% de chômeurs ; le salaire moyen étant de 428 US$. Près de 20% de la population vie sous le seuil de pauvreté.

Par le passé, la Jamaïque était une riche colonie britannique où la plupart des richesses étaient aux mains de la minorité d'esclavagistes. Son activité économique était principalement basée sur l'agriculture, notamment la canne à sucre, via l'esclavagisme. Aujourd’hui, les principales industries sont celles de l'aluminium et des produits chimiques, toujours aux mains de la population blanche.

Il y a également une industrie proche de la ville de Kingston, la capitale, qui transforme le pétrole.

Bien qu'elle se soit un peu tassée ces dernières années, la diaspora jamaïcaine est très active. Il y aurait près de 3 millions de Jamaïcains essentiellement installés aux États Unis, au Canada et en Grande-Bretagne, soit plus qu'en Jamaïque elle-même.

Cette diaspora enverrait à leurs familles en Jamaïque des devises d'une valeur de 2 milliards de dollars, soit près de 16 % du PIB en 2016.

 
 
 

FIN

 
 
 

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Ressources autour de la thématique


 

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livres

 

« Three Decades of Jamaican Dancehall Signs » de Maxine Walters. Hat & Beard, Los Angeles, 2016. Première édition.

Une histoire visuelle du Dancehall jamaïcain (élément fondateur du Hip Hop via DJ Kool Herc). Par les pancartes annonçant les soirées.

« Three Decades of Jamaican Dancehall Signs » de Maxine Walters. Hat & Beard, Los Angeles, 2016. Première édition.

Une histoire visuelle du Dancehall jamaïcain (élément fondateur du Hip Hop via DJ Kool Herc). Par les pancartes annonçant les soirées.

« Three Decades of Jamaican Dancehall Signs » de Maxine Walters. Hat & Beard, Los Angeles, 2016. Première édition.

Une histoire visuelle du Dancehall jamaïcain (élément fondateur du Hip Hop via DJ Kool Herc). Par les pancartes annonçant les soirées.

Le Reggae - Skan Dub, Dj, Ragga, Rastafari par Blum Bruno

Editeur : Le Castor Astral, Collection : Castor Music, 2021, 226 pages

Bob Marley. Music Myth & The Rastas (1976)

Par Henderson Dalrymple, 80 pages, Carib-Arawak Publishing Ltd., Sudbury, 1976.

Texte en anglais.

Le reggae : ska, dub, DJ, ragga, rastafari par Bruno Blum, 2010, Éditeur : Castor astral

 

 

videos

 

La série Small Axe

Extrait d’une scène de fête dans l’épisode "Lovers Rock" tirée de l’excellente série “Small Axe” réalisée par Steve McQueen en 2020. Sur le morceau des The Revolutionaries “Kunta Kinte Dub” produit par le label Channel One.

L’épisode "Lovers Rock" de la série relate l’histoire de deux amants qui se rencontrent lors d'une soirée reggae dans l'ouest de Londres en 1980.

Small Axe est une mini-série de 5 épisodes réalisée par Steve McQueen, qui explore la vie et l'influence historique de la communauté caraïbéenne de Londres des années 1960 aux années 1980. Le titre fait référence à la chanson éponyme Small Axe de Bob Marley, et à un proverbe jamaïcain : « If you are the big tree, we are the small axe ».

La série, sélectionnée en compétition officielle à Cannes, a reçu le label du Festival de Cannes 2020.

Steve McQueen l'a dédiée à « George Floyd et à tous les autres Noirs, visibles ou invisibles, qui ont été tués pour ce qu'ils étaient, aux États-Unis, au Royaume-uni et partout ailleurs ».

 

Extrait du documentaire Deep Roots Music

Le film Rockers 

“Rockers” est un film jamaïcain sorti en 1978 et écrit et réalisé par Ted Bafaloukos.

Rockers était à l'origine un documentaire, mais s'est développé en un long-métrage. Le film dresse un portrait de la culture rasra à son apogée et y présente plusieurs stars du reggae comme Leroy "Horsemouth" WallaceBurning SpearGregory IsaacsBig YouthDillingerRobbie Shakespeare, et Jacob Miller.

 

Le film “The Upsetter: The Life and Music of Lee Scratch Perry”

est un film documentaire sur l'icône de la musique jamaïcaine primée aux Grammy Awards Lee "Scratch" Perry.

Le film est raconté par Benicio Del Toro, lauréat d'un Oscar, et réalisé par les cinéastes américains Ethan Higbee et Adam Bhala Lough.

 

 

photographies

 

Junior Reid, 1985 - Beth Lesser

Youth Promotion crew member, 1985 - Beth Lesser

Admiral Tibet - Beth Lesser

Le chanteur, auteur et compositeur Bob Marley

Le chanteur, auteur et compositeur Bob Marley. Fin 1970.

Le chanteur, auteur et compositeur Bob Marley

Youth Promotion crew, 1987 - Beth Lesser

Michael Palmer, 1984 - Beth Lesser

Papa Screw, who was the selector for Black Scorpio sound - Beth Lesser

Stur-Mars session with deejay U Brown. © Beth Lesser

Nathan Skyres promotes his 45 in Kingston. © Beth Lesser

Couple outside Channel One studio, Kingston, Jamaica. © Beth Lesser

Le chanteur Gregory Isaacs

Wayne Smith in Jammy’s yard, 1985 - Beth Lesser

N/C

 

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