La timidité des arbres

 
 
 
 
 

Je suis Anaïs Antonio,

créatrice de lafondamentale


Ces informations ont été glanées auprès de nombreux articles cités en fin de chaque paragraphe, et parus sur le sujet au cours des dernières années.

Ils ont été remaniés, enrichis et parfois traduits par lafondamentale.


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Temps de lecture : 7m 16s


Étudié pour la première fois en Australie dans les années 60, ce phénomène botanique porte le nom de Crown Shyness

La Timidité des Cimes

 

Bien qu’ayant évolué les uns aux côtés des autres, la timidité des cimes s’illustre par un jeu d’esquive de la cime des arbres qui, pour éviter de se toucher ou d’entremêler leurs branches, déroutent ou cessent leur croissance de façon à créer un vide entre elles.

On nomme cette distance spécifique : la « couronne de timidité ».

Vu du ciel, ce phénomène est aussi magnifique que troublant.

 
 
 

“Forest therapy” - images capturées au Mexique.

Une vidéo intrigante et envoutante réalisée par Dimitar Karanikolov.

 
 
 
 

Quand les arbres s’esquivent.

Ces « couronne de timidité », dessinent et créent d’incroyables sillons de lumière entre les frondaisons des arbres.

Francis Hallé, illustre botaniste, biologiste et dendrologue français - l’un des précurseurs de «l’architecture des plantes» - dit de ce phénomène qu’il n’intéresse qu’une centaine d’espèces d’arbres dans le monde. Toutes ayant pour point commun de pousser en hauteur.

« En France, on peut observer une timidité chez les pins parasol du cap d’Antibes ou les chênes verts du midi. Dans les tropiques, c’est un peu plus fréquent. La timidité la plus impressionnante, la plus tranchée, avec des formes extrêmement nettes, est celle du camphrier. […] La timidité, est un sentiment humain. Or nous ne savons pas encore ce qui pousse l’arbre à laisser une distance entre lui et un autre individu de son espèce[…] 


> Extraits de Terraeco, Observez la timidité des cimes, ce mystérieux comportement des arbres, écrit par
Amélie Mougey, le 24 nov 2015.

> Extraits de France Culture, Timidité des arbres : comment communiquent les plantes ?, par Pierre Ropert

 

Croquis Francis Hallé

Croquis Francis Hallé

 
 

Titre “Crown Shyness” par Olaf Stuut, Amsterdam.

 
Groupe : Trash Boat, album “Crown Shyness”.

Groupe : Trash Boat, album “Crown Shyness”.

Arbres timides, solidaires et bavards.

À la découvert de ce phénomène, l’hypothèse des australiens fut d’abord celle d’une abrasion causée par de probables frottements entre les branches les jours de vent. Mais cette explication est rapidement délaissée. Aujourd’hui les études se prononcent majoritairement pour une simple et nette déviation de la croissance des arbres.  

D'après Francis Hallé, on trouverait également des espèces d'arbres qui produiraient un phénomène similaire, cette fois-ci au niveau de leurs racines. Ces dernières évitant soigneusement de se rencontrer sans que les chercheurs aient encore trouvé d’explication satisfaisante. 

Ce que nous savons, c’est que ces mêmes arbres ont conscience de leur voisin puisque lorsqu’ils sont seuls, ils ne cessent jamais de croître.

Pour agir de la sorte, il est donc nécessaire que les arbres communiquent entre eux... et donc partagent des informations.


 

> Extraits du site Lezarbres, La timidité des cimes, paru le 10 novembre 2018.

 
 

Un mystère en voie d’élucidation

Si la question de la couronne de timidité est un mystère encore non-élucidé, les scientifiques ont énormément progressé pour comprendre la façon dont les plantes communiquent entre elles. Ils pensent, dans ce cas précis, que les arbres échangeraient des phytohormones , des substances chimiques émises par les plantes pour transmettre des informations.

Trois hypothèses sont alors envisagées :

  1. Ces arbres pourraient agir ainsi pour protéger leurs bourgeons.

  2. Optimiser l’exposition au soleil des autres plantes qui évoluent à leurs pieds.

  3. Éviter la propagation des parasites non volants ou des maladies contagieuses des arbres (les phytopathologies) entre eux et d’autres individus.

Au point que les scientifiques envisageraient de substituer le terme de “couronne de timidité'“ par celui de "couronne de solidarité".


> Extraits du site Lezarbres, La timidité des cimes, paru le 10 novembre 2018.

 
 

Marbrure “caillouté” sur papier par Tomàs Avinent.

 

National Taiwan University Library Taipei – Toyo Ito, 2014.

National Taiwan University Library Taipei – Toyo Ito, 2014.

 
 

« L’intelligence des plantes et la biodiversité »

 

Le 8 septembre 2019, l’association MELGUEIL ENVIRONNEMENT célébrait ses 30 ans au domaine de l’Enclos la Croix, un domaine familial converti à l’agriculture biologique depuis plusieurs années. Une conférence sur "l'intelligence des plantes et la biodiversité " fut alors menée par Francis Halle et Pierre Maigre, président de la LPO Héraut (ligue de protection des oiseaux). 

Lors de cette conférence, Francis Hallé expose ses connaissances observée au cours de ses nombreux voyages sur l'intelligence des plantes.

Il cite comme exemples :

> Le cas de l’Acacia

En Afrique australe, les girafes et les gazelles se nourrissent des feuilles de l'arbre acacia. Après une vingtaine de minutes durant lesquelles l’arbre est brouté par l’animal, on remarque que les feuilles de l’arbre deviennent soudainement toxiques. Ainsi, l’animal est contraint de délaisser l’arbre et de se déplacer vers d’autres sujets ; les autres arbres acacia étant instantanément prévenus du danger par la propagation d’une hormone sécrétée par le premier individu, avant d’être portée par le vent.

De cette façon, l’acacia, un arbre dont le système racinaire est fragile et peu profond, régule sa population.

Les animaux qui se nourrissent de ces feuilles sont donc contraints de se déplacer au grès du vent et de maintenir ainsi une consommation raisonnable de l’espèce.

> Le cas du pin Douglas

Lorsqu’un pin Douglas est coupé ou endommagé, la nature illustre qu’un message est alors envoyé aux individus voisins de la même espèce. Ces derniers envoient, par un système complexe de soudures racinaires, une quantité signifiante d'énergie vitale composée d’éléments biologiques vers la souche de l’arbre mutilé afin d’assurer sa survie. En retour, l’arbre endommagé redistribue une partie de son eau en direction inverse, vers les arbres qui lui sont venus en aide.

 

> Le cas du Cyprès

En 2012, après un violent incendie en Espagne dans la région de Valence, une forêt de chênes communs, de chênes verts, de pins et de genévriers se retrouve totalement calcinée. Fait étonnant : un groupe d'arbres, composé de 946 cyprès méditerranéens plantés 20 ans plus tôt pour une expérience, est toujours présent. Seuls 12 individus (soit 1,27%) avaient brûlé.

Pourquoi ? Les scientifiques s’interrogent. Après de nombreuses études, il est dorénavant prouvé qu’à l’approche du feu, lorsque que l’air atteint une température avoisinant les 60°C, le cyprès entre en phase de dégazage et se libère de toutes les propriétés inflammables qu’il contient en lui. Lorsque le feu arrive à lui, il n'y a alors plus de combustibles. Par le biais du vent, des molécules vont alors prévenir les autres cyprès qui dégazeront à leur tour pour survivre. Une fois le feu braver, les cyprès se reconstituent puis se régénèrent de leur matière initiale.


 

Extraits de “L'énigme des arbres qui résistent aux feux de forêt”, par Grégor Brandy, 5 sept 2015.

> Extraits du site de l’AGME34 (Association Grande Motte Environnement), CR L'intelligence des plantes et biodiversité, paru le 08 oct 2019.


 
 

Une intelligence que l'on constate sans pouvoir la nommer

Les chercheurs étudient encore le cas précis du Cyprès. La clé qu’ils présentent dans le Journal of Environmental Management relayée dans l’édition du soir du 3 septembre 2015 de Ouest France semble également faire état d’une spécificité qui se situe dans les feuilles de l’arbre.

«Grâce à leurs sortes d’écailles, elles sont capables de retenir l’eau, même quand il fait très chaud, même quand il fait très sec. Selon les auteurs de l’étude, le cyprès met ainsi sept fois plus de temps que le pin à prendre feu. Mieux encore : les feuilles sèches, quand elles tombent, forment une barrière de protection. Cette couche de litière épaisse et dense agit comme une éponge qui retient l’eau et l’espace pour la circulation de l’air est très réduit, explique Gianni Della Rocca, de l’institut pour la protection des végétaux à Florence (Italie).» 

Les arbres sont donc timides, solidaires, ils communiquent, se protègent les uns les autres, et nourrissent leur descendance. Ils sont donc dotés de mémoire, et de conscience.

Mais les arbres sont-ils pour autant dotés d’une intelligence que nous constaterions sans vraiment pouvoir la nommer ?


Extraits de Reporterre, “Les arbres ont une « conscience de soi » et une sensibilité” par Gaspard d’Allens et Alain Pitton, le 21 mai 2021.

Extraits de Ouest France, “Le mot du Jour“ dans l’édition du soir du 3 septembre 2015.

 

 
 
 
 

S’entendre sur l’histoire et la nature du concept d’intelligence

Selon Quentin Hiernaux chargé de recherches au Fonds de la recherche scientifique (FRS-FNRS) et enseignant à l’université libre de Bruxelles – où il a soutenu une thèse de philosophie sur la problématique de l’individualité du végétal –

Dans son livre « Du Comportement végétal à l'intelligence des plantes ? », il pose les principes de sa réflexion de la façon suivante :

 

« Ces dernières années, les revues scientifiques consacrées à l’écologie et à la biologie végétale se sont fait l’écho de polémiques autour de l’intelligence des plantes. Conjointement, les médias grand public et les auteurs de vulgarisation se sont emparés de cette question. Non seulement les plantes seraient intelligentes, mais en plus elles se parleraient, s’entraideraient, se défendraient, etc.

Pourtant, l’intelligence est une notion qui est loin d’être clairement définie et partagée parmi les biologistes et les philosophes. Ainsi, pour certains, le comportement d’une plante serait proche de celui d’une machine, alors que d’autres y voient une proximité avec celui de l’animal ou même avec des spécificités de l’esprit humain.

Afin de comprendre ces débats, il convient de s’entendre sur l’histoire et la nature de ce concept d’intelligence et de ses enjeux avant de se demander s’il peut ou non s’appliquer aux plantes et dans quelle mesure. L’intelligence peut être analysée sous plusieurs approches : la cognition, la communication, la mémoire, l’apprentissage, la rationalité ou la conscience.

Quelles sont les expériences scientifiques et les positionnements philosophiques qui étayent ou contestent la présence de ces facultés chez les plantes? “

« Du Comportement végétal à l'intelligence des plantes ? »

- Quentin Hiernaux 

 
 

Ouvrages de vulgarisation conseillés :



Meriem Fournier, directrice du campus de Nancy d’AgroParisTech et Bruno Moulia, directeur de recherche à l’INRA. Université Clermont Auvergne, sont co-auteurs de l’article “Sensibilité et communication des arbres : entre faits scientifiques et gentil conte de fée” soumis aux archives ouvertes HAL.fr le jeudi 21 février 2019.

Dans cet article ils conseillent la liste d’ouvrages de vulgarisation suivantes sur le thème de l’intelligence des plantes.

 
  1. Académie d’Agriculture de France. La forêt et le bois en France en 100 questions. Ouvrage en ligne : academie-foret-bois.fr

  2. Drénou C. (2016). L’arbre, au-delà des idées reçues et le jeu de cartes pour apprendre à observer les arbres et comprendre leur développement architectural. CNPF-IDF.

  3. Lenne C. (2014). Dans la peau d’une plante. 75 questions impertinentes sur la vie secrète des plantes. Belin.

  4. Lenne C., Bodeau O., Moulia B. (2014). Percevoir et bouger : les plantes aussi ! Pour la science n° 438 (avril 2014), 40-47.

  5. Plantes : elles sont intelligentes ! (2013). Dossier du numéro 1146, Science et Vie.

  6. Sélosse M.A. (2017). Jamais seul. Actes Sud, 368 p.

 
 
 

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