Di misknown Rastafari culcha

 
 

PARTIE I

HISTOIRE 

Au début des années 1900, la Jamaïque est un pays très pauvre avec une infrastructure sociale et économique incroyablement limitée.

Militant intellectuel noir du XXe siècle, personnalité controversée et considéré comme un prophète par les adeptes du mouvement rastafari ; Marcus Mosiah Garvey naît le 17 août 1887 à Saint Ann's Bay, Jamaïque, dans une île opprimée, colonie Britannique où, des décennies après l’abolition de l’esclavage, la ségrégation raciale règne toujours en maître.

Descendant catholique chrétien des « Marrons » - ces descendants d’africains qui ont lutté contre l'esclavage et se sont échappés de leur condition pour fonder des communautés libres dans les régions montagneuses de l'intérieur de la Jamaïque (et plus largement dans toutes les Caraïbes, l’Amérique du Nord et les îles de l’océan Indien à l'époque de l'esclavage) - Garvey est d'abord un musicien qui joue de l'orgue à l'église.

Son père, tailleur de pierre, lui transmet toutefois son amour des livres et de la presse et Marcus, bien qu'entouré d'analphabètes, se passionne alors pour la lecture. Il sera envoyé en apprentissage dans une imprimerie de Kingston, la capitale de l'île.

À dix-huit ans, Garvey devient maître typographe lorsque de violents troubles sociaux et des mouvements de grève éclatent un peu partout dans le pays, ce qui lui vaut la perte de son emploi. Il est alors employé dans une imprimerie mais intervient dans un syndicat ouvrier qui l'élit rapidement à sa tête lors d'une grève.

Marcus Garvey affirme ses positions et défend l’idée que les oppressions sociales, économiques et politiques doivent être articulées à égalité pour dépasser les contradictions et mener un combat global contre le système capitaliste et raciste au fondement de toutes les exploitations.

Il deviendra bientôt un orateur de premier plan, un journaliste respecté et un fervent militant politique.

Marcus Garvey voyage alors à travers le monde et parcourt une multitude de terres riches et prospères où le constat reste toujours le même, les Noirs vivent dans la misère, dans les quartiers les plus désolés, abusés, épuisés, maltraités, déscolarisés.



 

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Ces informations ont été glanées auprès de nombreux articles et recherches parus sur le sujet au cours des dernières années.

Ils ont été remaniés, enrichis et parfois traduits par lafondamentale.


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Coupeurs de canne à sucre de la Jamaïque, ca 1890, par A. Duperly et fils - Archive Farms Inc / Alamy Banque D'Images

« Let us not try to be the best or worst of others, but let us make the effort to be the best of ourselves. »
— Marcus Garvey 

Dusé Mohamed Ali, personnalité politique egypto-soudanaise dont s’est très largement inspiré Marcus Garvey.

 
 

Marcus Mosiah Garvey


Marcus Mosiah Garvey

1924, Marcus Garvey à droite, Kojo Tovalou Houénou au centre, et George O. Marke à gauche.

1924, Marcus Garvey à droite, Kojo Tovalou Houénou au centre, et George O. Marke à gauche.

Marcus Mosiah Garvey

 
 

Du 23 au 25 juillet 1900

La Première Conférence Panafricaine, organisée par l'avocat britannique d’origine trinidadienne Henry Sylvester-Williams, se tient à Londres en même temps que l'Exposition universelle de Paris.

Elle réunit trente-sept délégués et dix participants et observateurs.

W. E. B. Du Bois et Bénito Sylvain y sont présents.

La conférence appelle à lutter contre le racisme, à associer les colonisés aux gouvernements en Afrique et aux Antilles britanniques et à accorder des droits nouveaux aux afro-américains.

En cette période de crise sociale dans la région des Caraïbes, d'intenses mouvements migratoires vers les zones d'emploi, créées notamment par l'exploitation des hydrocarbures au Venezuela, aux États-Unis et à Trinidad, et les plantations de la United Fruit Company, Marcus Garvey quitte la Jamaïque pour se rendre au Costa Rica, au Panama, en Équateur, au Nicaragua, au Honduras, en Colombie et au Venezuela.

Son constat des inégalités sociales, raciales et de leur aggravation, de la précarité des conditions de vie des peuples originaires des West Indies (Caraïbes anglophones) employés à l'étranger se heurta à l'indifférence et au rejet des autorités locales de la Jamaïque.

Garvey part alors pour Londres où il s'initie aux civilisations africaines et aux problèmes de la communauté noire des États-Unis.

1916 - 1917

En 1916, Garvey organise une visite aux États-Unis où il fait la rencontre des mouvements d'émancipation des Afro-Américains.

L'année suivante, en 1917, il fonde la « United Association for the Improvement of the Black Condition » (l’Association Unie pour l'Amélioration de la Condition Noire).

 
 

Le dernier discours de Marcus Garvey avant son emprisonnement en 1925 pour fraude postale dans la vente d’actions et de levées de fonds pour l’achat d’un quatrième navire pour sa société Black Star Line - une ligne maritime et de passagers qu’il crée en 1919 afin de favoriser le retour de la diaspora africaine sur ses terres ancestrales.

Le 8 février 1925, Marcus Garvey est escorté à la prison fédérale d’Atlanta.

La naissance de l’idéologie Panafricaine

Précurseur dans l’idéologie du panafricanisme, un mouvement politique à la une vision sociale, économique, culturelle et politique d'émancipation des Africains qui promeut l'indépendance totale du continent africain et encourage la pratique de la solidarité entre les Africains et les personnes d'ascendance africaine, où qu'ils soient dans le monde, indépendamment de leurs origines ethniques, leurs appartenances religieuses, ou leurs apparences physiques ;

Marcus Garvey pense que les Afro-descendants ne parviendront jamais à réellement vivre libres et respectés en dehors des frontières de l'Afrique ; il réfléchit alors à unifier les Noirs sur le plan international et appelle au droit au « Rapatriement » (dit Repatriation dans la culture rasta) - également appelé le Grand Retour en Afrique (Back to Africa).

Le concept du « Rapatriement » sera ensuite un concept fondamentale dans la culture Rasta. Il concernera également le « Retour » des « Compétents - the Skillfuls » (artisans, économistes, politiques, artistes, etc) et des élites de descendance africaine élevées à l’étranger, en Afrique.

Prônant ainsi la solidarité entre afro-descendants, afin que ceux d’entre eux qui détiennent la connaissance, la partage avec les leurs et la mette au profit de la Terre-Mère (Mother Land dans la culture rasta).

Là-bas, sur la Terre Mère, s’organiserait une politique intégrée de toutes les nations et peuples d'Afrique avec l’établissement d'un pouvoir endogène, égalitaire, bienveillant et auto-suffisant sur le continent.

En ce sens, en 1919, Marcus Garvey inaugure la « Black Star Line », une ligne maritime internationale et de passagers qu’il crée afin de favoriser le retour de la diaspora africaine sur ses terres ancestrales.

 
 

« A people without the knowledge of their past history, origin, and culture is like a tree without roots. »
— Marcus Garvey

 
 

Le processus de culture et la création d'une identité de la diaspora africaine dans les Caraïbes.

Garvey promeut également la croyance en l'autodétermination, l’éducation, la conscience noire, la connaissance de l’histoire des peuples Noirs et la réalisation de la richesse collective noire (par la création d’un réseau d'individus de la diaspora africaine axés sur la création de richesse via des investissements collectifs). 

Le père de Malcolm X, un pasteur assassiné en 1931 par la Black Legion, une organisation proche du Ku Klux Klan, est l'un des partisans les plus convaincus de Garvey.

Alors que la révolution russe (1917-1921) bat son plein, Garvey se rallie à sa manière à la lutte des classes. Les réseaux garveyites sont organisés dans le monde entier, avec des antennes dans chaque grande ville, utilisant des uniformes de cérémonie, militaires, folkloriques et religieux.

 

Marcus Mosiah Garvey

 

Un disciple de Marcus Garvey se tient à l'extérieur du Garvey Club, Inc in Harlem, NY, 1943.

(Photo par © CORBIS/Corbis via Getty Images)

Manifestation de l’United Negro Improvement Association, Harlem, 1924

Les réseaux garveyites sont organisés dans le monde entier, avec des antennes dans chaque grande ville, utilisant des uniformes de cérémonie, militaires, folkloriques et religieux.

Manifestation de l’United Negro Improvement Association, Harlem, 1924

Manifestation de l’United Negro Improvement Association, Harlem, 1924

 
 

 
« Never forget that intelligence rules the world and ignorance carries the burden. Therefore, remove yourself as far as possible from ignorance and seek as far as possible to be intelligent. »
— Marcus Garvey
 

Trois hommes en Jamaïque, 1950.


 
 

Livre Africa Unite ! Une histoire du panafricanisme - Par le chercheur Amzat Boukari

 
 

LA PROPHÉTIE RASTAFARI

Leonard Percival Howell, un marin d'origine jamaïcaine ayant parcouru le monde et établit sa propre synthèse des grands courants de pensée qui agitent le monde de son époque (psychanalyse, marxisme, gandhisme, etc.), est d’abord un partisan des enseignements et de la philosophie de l'activiste Marcus Garvey.

Toutefois, en raison de la ferveur de sa foi et de ses prêches religieux, Leonard P.Howell s’éloigne rapidement du mouvement garveyiste qui diverge fondamentalement des ses opinions personnelles en refusant d’intégrer la religion dans la vie politique.

Leonard P.Howell souhaite alors comprendre ce qui peut être fait dans cette période post-émancipatoire pour aider à transformer positivement l'avenir des jamaïcains et plus largement des Noirs à travers le monde.

Rassemblant les idées de religion et d'idéologie politique noire centrées sur l'Afrique, il souhaite apporter à la Jamaïque, le concept de l'Afrique dans toute sa splendeur.

Garvey lui, fait souvent allusion à l’Éthiopie. Il écrivait d’ailleurs dans son principal ouvrage Philosophy & Opinions : « Laissons le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob exister pour la race qui croit au Dieu d'Isaac et de Jacob. Nous, les Nègres, croyons au Dieu d'Éthiopie, le Dieu éternel, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit, le Dieu de tous les âges. C'est le Dieu auquel nous croyons, et nous l'adorerons à travers les lunettes de l'Éthiopie. »

En 1921, Marcus Garvey reprendra les mots du révérend James Morris Webb et prononcera un discours cité par le quotidien conservateur, le Daily Gleaner : « Regardez vers l'Afrique, où un roi noir sera couronné, qui mènera le peuple noir à sa délivrance. »

La presse coloniale dénonce alors la doctrine éthiopianiste, qu’ils attribuent à Garvey, comme étant totalement « vulgaire » .

 
 

L’Éthiopie et le couronnement de Haïle Sélassie Ier

 

L’Éthiopie, par son histoire et sa civilisation, fascine les peuples Noirs et opprimés. L’on se souvient de la victoire de l’Éthiopie contre la puissance coloniale italienne, à Adwa en 1896.

Cette fascination vient également des passages que l’on trouve sur l’Éthiopie dans la Bible ou dans les récits d’esclaves, ce qui donnera plus tard les écrits de la Renaissance de Harlem et de la Négritude.

C’est alors que le 2 novembre 1930, en Éthiopie, Tafari Makonnen, fils du Ras (Le mot «Ras» désigne le terme «roi» en langue amharique éthiopienne) Mekonnen Welde Mikaél, est coiffé de la couronne sacrée du Negusä Nägäst (le Roi des Rois) sous le nom d’Haïlé Sélassié Ier (« La Puissance de la Trinité »), et devient le Ras (roi) Tafari.

Regardant vers l'Éthiopie et le couronnement de Haïlé Sélassié Ier en tant qu'empereur d'une nation africaine et comme exemple de prospérité et de pouvoir noirs, Leonard P. Howell prêche aux Africains de la diaspora de se tourner immédiatement vers l'Éthiopie.

Haïle Selassie est alors le chef d’une des premières nations officiellement chrétiennes de l’histoire, l’Abyssinie. Selon le livre sacré La Gloire Des Rois (dit le Kebra Nagast), retraçant l’histoire de son antique dynastie, Sélassié serait ainsi le descendant direct du Roi Salomon et de la reine Makeda de Saba.

Haïle Selassie fait alors preuve d’une incroyable détermination face à l'invasion et à l'occupation italienne de son pays, entre 1935 et 1941. Il ne reconnaitra jamais la légitimité de cette annexion, considérant qu'il régnait encore pendant cette période, niant l'administration coloniale italienne. Il retrouvera le trône quand son pays sera libéré en 1941, à la faveur de la Seconde Guerre mondiale et grâce à la résistance.

En raison de ses titres de « Roi des rois », le Seigneur des seigneurs attribués au messie dans l’Apocalypse de Jean, aussitôt couronné, Haïle Selassie sera considéré comme le messie par ceux qui constituent dorénavant, le mouvement des Rastafariens.

 

Le couronnement de Haïlé Sélassié Ier, le 2 novembre 1930.

Arbegna Jagama Kello et son frère Tenkessa Kello, tous deux officiers militaires éthiopiens de la Force de défense nationale éthiopienne, de 1936 à 1974.

Arbegna et son frère font partie des héros éthiopiens dont l’inimaginable bravoure et la résistance ont aidé à vaincre la deuxième invasion italienne de l'Éthiopie pendant la Seconde Guerre mondiale.

 
 
 

Le roi Haïlé Sélassié Ier, dit le Ras Tafari


 

Ancien drapeau de l'Ethiopie de 1897-1974, représentant, en son centre, le Lion de Judah.

 
 
 

LA GENÈSE DE LA CULTURE RASTA

 

 

Leonard P. Howell commence alors à prêcher ce qu'il a appelle le mouvement «Ras-Tafar-I».

 

Leonard P. Howell sera le créateur du Pinnacle (1940-1957), un véritable état à l’intérieur de l'État jamaïcain colonial, creuset du mouvement rasta. Un lieu où s'élabora la philosophie et le mode de vie qui allaient inspirer le reggae.

Pourtant aujourd’hui, on trouve très peu d’archives relatant ce lieu de retraite où plusieurs milliers de descendants d'esclaves africains réapprirent à vivre en harmonie avec leur terre, dans l'autosuffisance et dans la fierté de leur histoire et de leurs traditions.

Au coeur des collines verdoyantes de la Jamaïque, Leonard P. Howell modèle une société sans argent, sans police, sans armée, sans impôts, et sans autre loi que le respect de l' autre et l'entraide ; un monde de femmes fortes, de libres-penseurs, d'artisans et de musiciens créatifs.

Mais ce rassemblement inquiète les autorités qui le condamnent dans la hâte et la peur d’une menace à l’ordre établit ; Le village du Pinnacle est incendié et la communauté dispersée. Mais trop tard, le message rasta s'est déjà propagé à toute la Jamaïque.


LEXIQUE & SIGNIFICATIONS


  • Le mot « Ras » désigne le terme « roi » en langue amharique et « Tafari », le nom de Haile Selassie Ier, avant son couronnement.

  • Les couleurs du mouvement Rasta sont directement inspirées du drapeau éthiopien (celui utilisé de 1897-1974). À ses couleurs rouge, jaune et vert est uniquement ajoutée la couleur noire -qui représente de façon symbolique la couleur de la peau des africains.

    Ces couleurs sont également celles du drapeau de nombreux pays d’Afrique : le Mali, le Sénégal, le Bénin, le Togo, la Guinée, le Cameroun, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso, le Congo, Sao Tomé et Principe.

    En effet, chacune de ces couleurs a une signification et elles ont été adoptées après l’indépendance de la majorité des pays d’Afrique subsaharienne dans les années 1960. Le vert représente les immenses forêts et la nature du continent. Le rouge rappelle le sang de ceux qui sont morts pour obtenir l’indépendance de chaque pays, ainsi que ceux qui ont été réduits en esclavage depuis le XVIe siècle. Enfin, le jaune représente la richesse minérale de l’Afrique, si convoitée par les Européens.

  • Le Lion (qui à l’époque apparait également au centre du drapeau éthiopien), devient l’emblème du mouvement.

  • Le chiffre « I/un » qui signifie l’énumération du premier homme né dans la lignée familiale de Tafari, peut aussi se transformer et se lire comme la lettre « I/i » le pronom à la première personne du singulier en anglais « I /Moi,Je ».

  • Le « I/Moi,Je » représenterait également la forme de la pupille du félin, le Lion, par lequel les Rastafariens perçoivent le monde qui les entoure. Ainsi, la lettre « I » dans la culture rasta est une caractéristique cruciale pour les adeptes de la foi.

  • Dans la culture rasta, la notion de pluralité disparait également des croyances pour être remplacée par celle de la collectivité. Les adeptes prêche les vertus d'un amour unique (One Love) et de l’union des êtres vivants (dit Inity en rasta et non unity.)

  • « I and I », prononcé « aïe én' aïe », est également une expression importante. Elle fait référence à l'unité de Jah (le dieu rasta) en chaque personne.

    « I and I » est une expression renforçant la croyance de la religion rastafari que Jah existerait en chacun de nous et que tout le monde existe comme une seule et même personne, unifiée par Jah.

    « Toi et Moi » se dit donc « I and I ». Par exemple : « I and I going to di concert » veut dire que vous allez à un concert en compagnie d'une autre personne.

  • « I » est aussi utilisé comme un jeu de mots avec certains mots en Anglais, comme « I man » pour « inner man », désignant un rastafarien.

  • « Bonjour, je vais bien » se dit « Yes I ».

  • Les rastafariens se décrivent eux-mêmes ou parlent de leurs semblables comme des « rastas ».

  • Le terme « Jah Jah » est utilisé pour honorer Jah ou faire référence à Jah. Par exemple : « Jah Jah protect mi fram mi enemy dem ». Signifie en français : « Dieu, protège-moi de mes ennemis. »

  • Les rastas ne croient pas en la Bible et en l’Histoire telle quelle est instruite. Ils la dénoncent comme ayant été réécrites à l’avantage des blancs. Jésus n’étant pas blond aux yeux bleus, mais avec la peau noire, comme celle de Moïse et de nombreuses tribus hébraïques.

  • Si l’histoire démontre l’existence des dreadlocks dans l’Égypte ancienne, la culture indienne ou la civilisation aztèque ; le port des dreadlocks chez les rastafariens résulte d’une pratique spirituelle, elles représenteraient la crinière du Lion Conquérant de Judah. Cette coiffure irait dans le sens naturel de la pousse du cheveux de type afro qui avec le moins d’intervention possible, symboliserait le port d’une couronne et apporterait la puissance à qui saurait l’arborer.

  • Par exemple : « Dread, mon » signifie ainsi « un mec cool ». Ou encore : « Natty dread ». En français, cela signifie : « T'es cool » ou « T'es un rasta ». Le terme Natty se référant au terme anglais naughty / méchant > non docile > qui fait comme bon lui semble, selon ses croyances et ne se plie pas à la culture d’autrui (comprendre ici, la puissance coloniale).

  • Les personnes qui n'ont pas de dreadlocks sont ainsi appelées « ball head » (« tête de ballon »), un jeu de mots avec l'expression « bald head » (« tête chauve »)

  • « Babylon » est un mot qui désigne l’occident ou la police, vue par les rastas comme faisant partie du système capitaliste et corrompu. « Babylon » fait référence à la rébellion biblique des Hommes contre Dieu par le biais de la tour de Babel, peut aussi être utilisé pour décrire toute organisation ou toute personne qui opprime des innocents.

  • « Politricks » est le terme rastafarien pour dire « politique » (politics en anglais). Les rastafariens sont généralement assez sceptiques vis-à-vis des figures d'autorité, dont les politiciens. Ils sont donc vus comme des manipulateurs (tricksters en anglais) ou comme jouant des tours (tricks en anglais).


La culture rasta se construit ainsi très largement sur fond de politique, des croyances religieuses dérivées du judéo-christianisme, de philosophie, mais surtout avec une dimension considérable de désirs de justice, et de liberté.

 
 

Premiers rastas, « black power » et rayonnement par la voix du Reggae

 

Les « premiers rastas » se répandent alors dans l'île, notamment dans les bidonvilles de Kingston-Ouest, où leur rhétorique apocalyptique et leur soif de rapatriement entrent en résonance avec les aspirations d’une jeunesse désœuvrée, celle des « rudies » (délinquants des quartiers pauvres) plus connus sous le nom de « Rude boys » .

À cette époque, il est très mal perçu par la société jamaïcaine (de confession majoritairement protestante, ou catholique baptiste, pentecôtiste, évangéliste, méthodiste, anglicane, ou Jéhovah) d’être rasta ou de porter des dreadlocks.

Par exemple, dans le morceau ci-dessous “Young Girl” de Don Carlos ; l’histoire fait le récit d’une jeune fille amoureuse d’un rasta, dans l’obligation de cacher sa relation à ses parents et ses amis tandis qu’ils consomment leur amour en secret à sa sortie de l’école. Le rasta raconte qu’il a conscience que sa bien aimée est belle et courtisée par d’autres hommes dans la rue mais qu’il l’aime car elle ne “prête pas attention aux bruits” (comprendre “aux autres”) et n’aime que lui.

Mais le culte Rasta sans dogme ni église, n’a pas vraiment de foyer originel unique ; il se développe de manière concomitante au sein de petits groupes éparpillés.

Pendant jamaïcain du « black power », le mouvement Rasta prend de l’ampleur et communique sa philosophie à travers la musique.

En 1959, à l’initiative du producteur rasta Prince Buster, Count Ossie et ses percussionnistes Niyabinghi rastas, descendent de leur colline de Wareika, à l’est de Kingston (capitale de la Jamaïque), le temps d’enregistrer un titre de Ska avec les Folks Brothers, Oh Carolina.

Ce morceau fera fureur et contribuera à faire connaitre plus largement la culture Rasta sur l’ensemble de l’île.

Prince Buster est alors l’un des premiers musiciens rasta. Il revendique sa négritude avec force, estimant comme africaine l'identité de sa nation antillaise.

Le mouvement Rasta devient soudainement l’ingrédient indispensable des nouveaux genres de musique, le Ska, le Rocksteady quand en 1968 fait son apparition : le Reggae via lequel le mouvement Rasta, sans le savoir, deviendrait bientôt un phénomène mondial.


> Extrait de “Le reggae, une musique rasta ?”, publié le 14 avril 2017 par Thibault Ehrengardt dans le magazine de la Philharmonie de Paris dans le cadre de l’exposition “JAMAICA JAMAICA! De Marley aux deejays“

> Exposition “JAMAICA JAMAICA! De Marley aux deejays“ Du 4 avril au 13 août 2017 à la Philharmonie de Paris

 
 
 

La consécration d’une philosophie

  • En 1948, Haïlé Sélassié offre aux Rastas 500 hectares de terres en Ethiopie.

  • En 1966 : Après une visite de l'empereur en Jamaïque, des milliers de Caribéens se convertissent au rastafarisme et commencent à affluer vers la "terre promise" en Ethiopie. Ils seront suivis par les rastas des Amériques et de l’Europe.

 
 
 
 
 
 
 

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vidéos

 

Le film Le Premier Rasta réalisée par Hélène Lee, spécialiste de la culture rasta. Ce film revient sur l'histoire de Leonard Percival Howell (1898-1981), fondateur de la première commune rastafari en Jamaïque.

Éthiopie : la terre promise des derniers rastas | ARTE Reportage

 

 

livres

 

“Yes Rasta” par Patrick Cariou, PowerHouse Books, New York, 2000, 200 pages. 

“Yes Rasta” par Patrick Cariou, PowerHouse Books, New York, 2000, 200 pages. 

“Yes Rasta” par Patrick Cariou, PowerHouse Books, New York, 2000, 200 pages. 

 

2. “Pinnacle, le paradis perdu des Rastas”, Hélène Lee et Bill Howell, Édition Afromundi, paru en 2018

3. “Le premier rasta”, Hélène Lee, Flammarion, 2010

4. “Introduction au mouvement rastafari”, Boris Lutanie, L'esprit Frappeur, 2000

5. “Jah Rastafari – Abécédaire du Mouvement Rasta”, Boris Lutanie, Le Chat noir, 2007

5. “L'Afrique noire précoloniale : Etude comparée des systèmes politiques et sociaux de l'Europe et de l'Afrique Noire, de l'Antiquité à la formation des Etats modernes”, professeur Cheikh Anta Diop, Présence africaine, collection Poche , janvier 1987

6. “Nations nègres et culture : De l'antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique noire d'aujourd'hui”, professeur Cheikh Anta Diop, Présence africaine, collection Poche, 1979

 

“Trenchtown Love” par Patrick Cariou, 779, Paris, 2003, 82 pages).

“Trenchtown Love” par Patrick Cariou, 779, Paris, 2003, 82 pages).

“Trenchtown Love” par Patrick Cariou, 779, Paris, 2003, 82 pages).

 
 
 

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